<

La porte de SANGHA

Yassa, à ne pas confondre avec un délicieux plat

Sénégalais de même nom

République du Mali
Trente cinq ans après DAKAR
Tintin chez les DOUMBO
En route pour Youga Nah
Premières émotions
Funérailles à Koundou
village des chasseurs

 

Yassa

 

Abodio
De nouveaux compagnons
Funérailles à Tiogou
Le Hogon d'AROU
Marché à Yendouma
Soirée d'adieux
Objectif BAMAKO
Nagadef DAKAR

 

Nous partons en direction de Véré pour aller à Damassongo, en descendant le monticule de Youga Na par le coté nord. C’est une grand plaine qui se déroule sous nos pas. De l’autre coté il y a, à nouveau, la falaise de Bandiagara de laquelle est détaché un monticule sur lequel sont perchés les trois villages : Youga Na, Youga Piri et Youga Dogourou.

Nous passons par Yendouma Sogol (en bas) sans nous y arrêter, Tintin me dit que nous y reviendrons, c’est à deux heures de marche de Youga Na.
Pendant le trajet Tintin me décrit le processus traditionnel du vol quand un vol est commis. La victime d'un vol demande un sacrifice au féticheur qui le réalise à base de graines de "da", du piment, un poulet. Le but est de jeter un sort au voleur qui devra mourir dans les semaines suivantes. A tel point que quand quelqu’un meurt de mort « suspecte » il peut être accusé du vol. Tous ses biens, argent et affaires personnelles sont détruits et jetés dans une grotte, personne ne peut y toucher sauf à encourir la malédiction. Les Dogons sont fétichistes animistes mais nous avons vu une mosquée, les musulmans lors des fêtes religieuses invitent les villageois à les rejoindre; la progression de l’Islam est lente mais constante depuis plusieurs siècle. Nous avons aussi vu une église à l’intérieur austère et peu décoré, un livre de prière est posé sur l’autel. Cependant la religion Catholique est quasiment absente de cette région. Nous passons la nuit au gîte.

Nous redescendons dans la plaine pour atteindre Yendouma ato. Les villages ont souvent un nom identique, seul le suffixe les différencie exmple : Youga (nommé souvent Yougo dans les livres) se décline en trois villages situés à 1 heure de marche les uns des autres : « Youga Na », « Youga Piri », « Youga Dogourou ». Ainsi Koundou est un village en bas, Koundou Da est au sommet de la colline et Kitin entre les deux, là où ont eu lieu les funérailles.

A Yendouma Ato nous déjeunons. Après la sieste, tour du village, et rencontre avec Yassa une femme d’environ 35 ans très vive et gaie, curieuse du touriste dont est affublé Tintin en ce moment. Nous faisons connaissance, elle me montre les enfants, la famille. Les frères revêtent des habits traditionnels et veulent des photos, sans autre compensation. Ils rient et la conversation avec Yassa s’engage via mon interprète particulier, son mari est cuisinier, il n’est pas là, il est dans un autre village.
Je lui explique que Yassa c’est le nom d’un plat Sénégalais à base de riz et de poulet au citron vert et que si j’étais à la place de son mari, belle comme elle est, il y a longtemps que je l’aurais mangée toute crue. Elle est prise d’un fou rire sans fin, tout le monde rit. Jalouse des photos faites avec ses frères elle s’est éclipsée et est revenue avec sa tenue traditionnelles bleue indigo, et là séance photo sous toutes les coutures avec les enfants. Il m’a fallu réitérer la plaisanterie du poulet Yassa pour leur faire abandonner l’air figé et officiel dont ils s’affublaient et pouvoir les détendre.

J’ai souvent remarqué que l’on peut plaisanter avec les femmes même si ces plaisanteries ont un caractère plus qu’amical et même grivoises, les hommes ne s’offusquent jamais, ce que l’on ne pourrait pas faire avec des Musulmans. J’ai travaillé au Maroc pendant 3 ans, il faut toujours se tenir très loin des sujets tabous et surtout ceux qui concernent les femmes. Lors de cérémonie de funérailles qui auront lieu dans la suite j’ai pu danser avec Assa, son mari présent n'en a pas pris ombrage; est-ce de la confiance, de l’indifférence ou simplement la place de la femme ne mérite pas que l’on s’en inquiète ?
Par contre Tintin m’a expliqué que quand un enfant nait et que l’on sait pertinemment que le père n’est pas le mari, soit parce qu’il a été absent longtemps ou une autre raison, c’est donc un bâtard, il est éliminé à la naissance. Souvent noyé il est enterré à part dans des grottes ou cimetières différents des autres enfants. C’est aussi un monde cruel ou certaines règles ne doivent pas être transgressées.

Les « vieux » transmettent le savoir ancestral et la culture Dogon aux enfants dans des espaces un peu en dehors du village, ils leur enseignent l’histoire et les origines de la population Dogon, les rites traditionnels de naissance et de mort, les cérémonies. On peut se poser la question du devenir de cette culture face à la pénétration du tourisme, de l’implantation des écoles, et une émigration importante des Dogons pour des raisons économiques dans les régions voisines, notamment vers le Ghana et la Côte d’Ivoire. Cependant certains reviennent au village: le mari de la teinturière parle parfaitement l’Anglais car il a vécu au Ghana et il est revenu terminer sa vie à Youga Nah.

Page précédente
Retour
Page suivante