Nous rentrons en repassant par Yendouma
sogol où je peux visiter les trois classes d’une école
dont les élèves de 6 à 10 ans suivent les cours
classés de 1 à 6. Après ces trois niveaux on passe
au collège avec les classes 7 à 10, mais il y a beaucoup
moins de monde et moins de filles, alors que dans les classes primaires
la parité filles-garçons semble à peu près
respectée.
En chemin nous repassons par Tiogou
où une piste pour relier Sangha et Yendouma à travers
la falaise est en construction, elle financée par un organisme
de tourisme « La Balaguère». La finalité n’est
pas connue de Tintin mais on peut imaginer que le but de cette construction
est de faciliter le trafic touristique dans cette région. En
effet le tourisme ici est essentiellement pédestre et nécessite
de bonnes capacités de marcheur même s’il n’y
a pas de difficulté majeure, il est très difficile de
faire des transits rapides sans véhicule car il faut contourner
la falaise. Les rochers sont dégagés avec des explosifs
locaux (poudre noire,
mélange de souffre, salpêtre et charbon comme celle que
l’on met dans les fusils) que l’on installe dans des trous
percés manuellement au marteau et au burin. C’est dire
que l’achèvement n’est pas pour demain.
dDiner avec un menu classique: riz,
pâtes ou couscous et, de la viande avec devinez quoi..., De la
sauce aux oignons. C’est très bon mais le menu est presque
invariable, heureusement que ce n’est pas pour les trésors
de la cuisine Dogon que je suis là. La soirée se passe
avec Tintin et Abodio le responsable du gite, il reçoit les touristes
de passage, gère l'organisation des repas pour les touristes
de passage et l'intendance. Lui aussi est très curieux d’apprendre,
il avoue que certains sujets ici sont tabous et notamment tout ce qui
concerne les relations sexuelles, l’intimité féminine
et autres sujets comme la fécondation. Il est difficile pour
moi d’entreprendre l’éducation de ce grand gaillard
d’un mètre 80 et pas moins de 80 kilos, mais on arrive
à évoquer certains sujets. 
Lui m’explique que quand un garçon et une fille souhaitent
se voir en cachette on attend tard dans la nuit l’heure où
l'on ne risque plus de rencontrer quelqu'un, notamment les féticheurs.
Ceux-ci disposent les marques et fétiches divers tard dans la
nuit, mais après une certaine heure qui est repérée
par l’apparition d’une étoile dans le ciel dont je
n’ai pas noté le nom, on est assuré de ne croiser
personne. Pour aller voir la belle, on marche parfois pendant deux heures
à travers la falaise dans une nuit souvent obscure, c’est
dire si l’amour rend courageux.
Les mariages ne sont jamais forcés, il se peut qu’ils soient
« arrangés » mais l’accord de toutes les parties
: fiancés, parents, doit être acquis. Le mariage est une
simple formalité qui passe par une offrande du mari à
la famille de la fille et l’affaire est conclue, les fêtes
auront lieu pour la naissance du premier enfant.
Dans le cas de mes « copines », Patima et Awa,
elles sont mariées avec le même homme mais habitent
l’une à Youga Na, l’autre à Youga Piri, le
mari peut aussi habiter ailleurs. Bien que la tradition veuille que
la femme habite au village du mari les règles de parité
féminines dans les villages sont complexes pour éviter
des déséquilibres (voir livre de Michèle Odeye
Finzi « Dogons Doumbo Doumbo »). Ce qui domine dans les
relations entre les hommes et les femmes c’est la famille au sens
de la tribu familiale, c’est là que les femmes vivent avec
leurs enfants qui sont élevés souvent collectivement dans
la famille du mari à moins que celui-ci n’aie les moyens
de construire une maison pour y abriter sa propre descendance. Tous
les jours le chef de famille définit la quantité de mil
qui va servir à préparer les repas en fonction de la richesse
de cette famille, des provisions restantes, du moment de l’année,
par rapport à la proximité des récoltes futures.
Par contre quand on décède, le corps est transporté
dans un cimetière de la falaise de son village d'origine, et
c'est là qu'ont lieu les funérailles.