Le mardi 8 heures pas de car. Un retard
d’une demie heure est annoncé, puis une heure et, enfin
à 10h un véhicule tout droit sorti des films des années
50, avec les coins arrondis des bus d’avant ma naissance, arrive.
Chargement des bagages sur le toit, les chèvres derrière,
les strapontins sont tous occupé, moi bien installé près
d’une fenêtre, nous partons. A coté de moi une jeune
femme fait du commerce, elle amène à Dakar des tissus
(bogolan), des produits divers pour les vendre et ramener à Bamako
des ustensiles et matériel de cuisine.
A 12h30 arrêt pour cause de fuite
d’huile, réparation de fortune avec de la colle «
loctite » et lambeaux de courroie effilochée, çà
marche, vive les apports de la modernité.
Nous atteignons le village de Kita où
la route est coupés par des fils de téléphone par
terre, nous faisons demi-tour et là, re-panne, re-fuite d’huile,
re-même rafistolage de fortune et re-départ. Je fais une
cure de bananes et d’eau minérale, vivement la première
bière XXL à Dakar. Il est 20h quand à nouveau le
bus hoquète d’une 3eme panne qui sera suivie du même
traitement que les deux premières, enfin nous arrivons à
Kayes en bordure du fleuve Sénégal où nous passons
la nuit dans la gare routière. La nuit est animée, au
petit matin un vendeur de café et thé parcours cette foule
bigarrée. Un jeune malien est « bonimenteur », il
est accompagné de sa sœur qui rejoint sa tante à
Dakar dans une banlieue proche de celle où je me rends, elle
pense y trouver du travail. Mais la surprise du jour est de taille,
un nouveau car est mis à notre disposition il est rutilant comme
celui que j’avais remarqué devant l’agence de transport
à Bamako : « non mais on va montrer aux Sénégalais
les plus beaux joyaux de notre flotte de transport, il ne faut pas nous
prendre pour des sous-développés ». En fait je pense
que la panne est tellement prévisible qu’il n’est
pas raisonnable de prendre ce risque après la frontière
Sénégalaise. A plus de 600 km de Bamako. A 9h tapant,
départ, confort pullman la climatisation en moins. A 13 heures
nous traversons la frontière Malienne puis à 14h celle
du Sénégal, les formalités sont minimales, la douane,
la vrai est après dans la soirée un poste douanier contrôle
les marchandises transportées. Les bagages des femmes qui font
du commerce sont inspectés l’importation de bogolan est
interdite, ce tissus sert à faire des nappes et des vêtements.
Il semble que les douaniers semblent bien connaître tout ce monde
et repère bien vite ce qu’ils cherchent, palabres à
n’en plus finir, bakchich ou pas, je n’en sait rien mais
tout se négocie, enfin nous repartons pour arriver à Tambacounda.
Les chèvres ne disent mot, elles semblent supporter ce voyage
dans l’espoir peut être que Brigitte Bardot leur a réservé
un coin au paradis en récompense d’avoir supporté
toutes ces péripéties. La piste qui relie Tambacounda
à Dakar est en réfection, j’ai beaucoup voyagé
au Sénégal avec ma « 4L » mais là c’est
le sommet de l’inconfort car nous circulons à 20-30 km/h
sur une route parallèle coupant la piste de temps en temps. Enfin
Rufisque, puis Dakar où nous arrivons en milieu d’après
midi. Je trouve un taxi puis m’enquiert d’un café:
« chez Bernard » à coté du marché Kermel
mais le café est fermé, le gardien m’assure que
le patron s’appelle bien Bernard, adieu la bière. Je fais
mes courses au « Casino » en face de l’ancienne agence
Bull. En fait, le café recherché était de l’autre
coté du marché et ce Bernard n’était pas
le bon. Le taxi me conduit à Sodida rejoindre Larry qui m’attend,
une bonne douche, la bière tant attendue et un bon repas concluent
cette journée épique. Dakar a beaucoup changé c'est
devenu une ville grouillante, des immeubles abritant des sociétés
high-tech ont remplacé les larges avenues bordées de magasins
et de terrasses de café.
* : Nagadef signifie: "comment
çà va" en wolof".