Un vent frais balaie la colline, nous
partons vers Arou puis Ibi, Tintin ne connaissant pas bien cette partie
de la région très escarpée faite de vallées
et nombreuses collines se fait accompagner par un autre guide. Là
encore de nombreux villages abandonnés par les Tellem qui peuplaient
la région avant les Dogons sont accrochés aux faces rocheuses,
certaines cases accrochées à plus de 10 mètres
ne sont accessibles qu’au moyen de cordages. Ces habitations anciennes
servent souvent de cimetières ou de dépotoir fourre-tout.
Nous allons à Arou, un haut lieu
de la culture religieuse Dogon, c’est là qu’est désigné
le grand Hogon, chef traditionnel et spirituel du pays Dogon.
Le terme Hogon désigne le chef spirituel mais aussi: le chef
du village, un être respectable, un sage, l’ancêtre
du village, celui que l’on respecte et que l’on vénère.
En général le Hogon vit dans une maison facilement reconnaissable
avec des sortes de colonnes qui ont toutes une signification.
La cérémonie dont les
rites ancestraux sont perpétués depuis plusieurs centaines
d’années réunit tous les Hogons de la région
dans un lieu traditionnel interdit au "commun des mortels",
et se déroule sur plusieurs jours. La désignation suit
un processus complexe parfois mêlé de hasard. En effet
lors de cette réunion tous les Hogon s’assoient en cercle
autour de la place et après un grand nombre de consultations
le grand Hogon, le Hogon d’Arou, est choisi parmi les sages de
la région. Il n'est pas toujours prévenu de cette désignation
et il est arrivé une fois que l'on désigne un Musulman,
il a fallu recommencer toute la démarche car ce personnage honorable
est le représentant de la culture et la religion des Dogons qui
sont fétichistes.
Celui qui a été désigné est isolé
pendant quelques jours déshabillé, lavé, rasé.
Une
célébration de ses funérailles enterre sa vie passée,
il revêt les vêtements de Grand Hogon puis il s’isole
avec une seule épouse dans la maison située près
de la place. Il entre dans une nouvelle vie faite de chasteté,
nul ne peut le toucher, il est le grand prêtre gardien des traditions
transmises de générations en générations,
il sera d’ailleurs initié par ses assistants. Ses repas
lui sont portés par le gardien de la maison et de la place, c’est
ce gardien d’ailleurs qui nous reçoit et veille bien à
ce que l’on ne prenne pas de photos, l’endroit étant
sacré. c'est un moment fort de cette journée.
Nous allons déjeuner à
Ibi puis visiter le marché. Les jours de marché sont immuables,
il y a un marché par jour de la semaine Dogon qui compte 5 jours.
Ils sont dans l’ordre à Ireli le 1er jour après
le marché de Sangha (commune administrative des villages alentours)
puis Ibi le 2eme jour viennent ensuite Banani, Yendouma puis cela recommence
avec Sangha etc.
Au
retour nous faisons chemin avec des jeunes filles qui reviennent de
l’école elles sont en 7eme à 12 ans soit la première
année du deuxième cycle, puis nous passons chez tintin
rendre visite à sa femme et sa cousine. Là faisons quelques
photos de famille malgré la nuit qui arrive très vite.