Depuis
l’aéroport de Mopti jusqu’à Sangha le taxi
traverse des rivières et de nombreux champs d’oignons;
c’est la culture très majoritaire dans les champs.
Ces
oignons sont foulés au pied, vendus séchés ou frais
dans les marchés alentours. Les Dogons ont migré au 12
ème siècle depuis le mont mandingue, ils ont remplacé
d’autres populations vivant de chasse et de cueillette qu’ils
nomment « les Tellem » (ceux d’avant). Ils sont agriculteurs
et vivent dans un territoire relativement aride ou l’eau n’est
pas toujours à porté de main. Ces populations Tellem vivaient
de chasse et de cueillette, il semble qu’ils aient été
victime de la raréfaction de leurs ressources à cause
de sécheresses récurrentes.
A Sangha, Tintin mon guide m’accueille
en souriant d’un « sewo ? » qui signifie en langue
Dogon : « çà va » autant à la forme
interrogative qu’à la forme affirmative.
De son nom patronymique : « Tintin aguiguera dumbo »
ou
tout simplement «Tintin ».
Il est relativement mince, environ 1
mètre 70, musclé, nez droit et le regard malicieux. Il
est coiffé du chapeau Dogon traditionnel avec des pompons tombant
sur les oreilles, ce chapeau ne le quitte jamais. Il est curieux de
notre civilisation, il parle très bien français et n’hésite
pas à demander des précisions quand il a des doutes sur
la langue française, nos modes de vie, nos coutumes. Cette rencontre
est un échange mutuel permanent franc et convivial entre ce qu’il
est censé, par son métier, nous faire découvrir
et sa soif de savoir sur nous mêmes. Il a deux enfants, il habite
en bas du village de Youga na.
Après le déjeuner à
base de semoule de couscous, sauce aux oignons et tomates, à
ma grande surprise c’est la sieste jusqu’à 15 heures.
Sieste salvatrice pour touristes fatigués, syndicale ou pour
attendre la digestion protégé des rayons du soleil ? Probablement
tout cela à la fois. Puis nous partons à pieds à
travers Sangha situé sur un plateau, nous descendons au travers
d'une faille étroite et spectaculaire où
les
femmes défilent en bavardant.
En cours de chemin, près d’un
village il me conduit vers une « case de divination », un
endroit à l'extérieur d'un village où l’on
fait appel au Renard (en fait de petits rongeurs symbole de l’animal
mythique de la cosmogonie Dogon, le « Renard Pâle »).
La case de divination est un rectangle bordé de terre où
l’on dispose des graines, des buchettes et de symboles divers.
C'est une demande de réponse de la part du "renard"
sur les sujets concernant la communauté villageoise ou tout autre
questionnement symbolisé par la disposition des composants. 
L’interprétation de l’endroit
où l’animal passe, ses traces de pattes, ce qu’il
a mangé ou laissé, les modifications des traces conduit
à prédire les réponses aux questions posées,
c’est bien sûr symbolique et sujet à interprétation
mais encore pratiqué aujourd’hui.
Nous arrivons à Banani et dormons
à la belle étoile dans un gîte qui surplombe le
village.
Dans les maisons alentours,
les femmes préparent le « tô », bouillie de
mil pour le repas du soir. La température est douce, seul un
duvet léger me protège d’une légère
brise qui se lève au petit matin.