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Porte de SANGHA

Premières émotions République du Mali
Trente cinq ans après DAKAR
Tintin chez les DOUMBO
En route pour Youga Nah

 

Premières émotions

 

Funérailles à Koundou
village des chasseurs
Yassa
Abodio
De nouveaux compagnons
Funérailles à Tiogou
Le Hogon d'AROU
Marché à Yendouma
Soirée d'adieux
Objectif BAMAKO
Nagadef DAKAR

 


C’est déjà le 3ème jour, je retrouve les senteurs africaines, la nonchalance des femmes qui transportent en permanence l’eau depuis le bas de la falaise et les hommes qui discutent dans les ruelles. Un autre guide me fait faire la visite de Youga Na, car Tintin est réquisitionné pour une réunion au tougana sur le financement du maçon qui prépare la construction de l’école. Il est en train de trier, casser les pierres et, par cette chaleur son activité n’est pas enviable même si l’on est en février et c’est la période la plus froide de l'année. Sans certitude de ma part (car je ne rapporte que ce que Tintin m’a dit) il semble que l’association finance l’essentiel mais que la nourriture du maçon soit à la charge du village. La population n’est pas dans son intégralité favorable à une participation pour cette construction . En effet la scolarisation des enfants dans cette région est un sujet difficile. Si nombre d’entre eux va à l’école car si beaucoup d’efforts ont été faits depuis ne nombreuses années grâce notamment aux ONG, les filles restent souvent minoritaires dans les classes, surtout les ainées, car elles aident aux tâches de la maison s’occupant des plus petits. De plus les travaux de champs à partir du mois d’avril nécessitent souvent que les garçons soient présents pendant la saison humide.

J’achète des noix de Kola dans une antre tenue par un jeune qui en fait commerce. La noix de Kola dans toute l’Afrique de l’ouest un symbole coutumier que l’on partage en signe d’amitié et que l’on offre à ceux que l’on respecte. Il est essentiel d’en avoir toujours sur soi quand on fait des rencontres surtout avec les anciens d’un village.

Je passe à coté d’une case isolée qui abrite les femmes pendant la période des règles, elles y restent pendant 5 jours (une semaine Dogon) on leur porte la nourriture car elles ne peuvent aller et venir à leur gré dans le village.

Elles sont impures et pourraient faire « rater les fétiches » et autres médecines dispensées par le féticheur, un peu comme dans nos campagnes l’on disait « qu’elles faisaient tourner la mayonnaise ». Les Dogons pensent aussi que la maladie est transmise par les femmes « en règle », faisant référence au sang présent dans l’urine des hommes qui ont probablement attrapé des MST, j’ai beau essayer de convaincre mon guide, ainsi qu’un vieil homme avec qui le sujet est abordé, que la relation de cause à effet n’est pas réelle et que certaines maladies mêmes si elles sont transmises de la femme à l’homme et inversement n’ont rien à voir avec cela, je ne convaincs pas et ne suis pas là pour cela.

L’après midi nous longeons le flan de la falaise vers Youga Dogourou et accédons au plateau, sommet de la falaise. Youga Dogourou est un village plus petit par la taille mais d’une importance exceptionnelle dans la culture Dogon, car Youga Dogourou est à la culture Dogons ce que la Mecque est à la religion Musulmane.
C’est à Youga Dogourou que la plus grande cérémonie le « SIGI »prend son départ, elle a lieu tous les 60 ans et traverse toute la région pendant 7 ans.
A l’occasion du Sigui on sort les masques de la grotte, notamment le grand masque représentant le serpent, ancêtre décédé pendant la migration du peuple Dogon depuis le mont Mandingue et qui à chaque fête tous les 60 ans, symbolise la renaissance d’une génération.

Le SIGUI peut se résumer à la fête de la renaissance, de l’invention de la parole et de la mort il est au cœur de la tradition Dogon. C'est le passage d'une génération à une autre.

La fête du SIGHI a ses racines dans l’observation de l’étoile sirrus visible dans la constellation du chien tous les 60 ans, la prochaine aura lieu en 2027. Cette interprétation semble êtres contestée par certains anthropologues qui doutent que les Dogons aient cette connaissance transmise oralement depuis de centaines d’années et qui l’auraient en fait découvert vers le 19 ème siècle. Le débat reste ouvert.

Une synthèse à partir du film de Jean Rouch « l’invention de la parole et de la mort » se trouve en annexe. Cette fête se déroule pendant 7 ans dans un village différent chaque année avec des rites propres à chacun d’eux.

La cosmogonie Dogon est complexe et de nombreux livres et articles existent notamment la création de l’homme par le dieu Amma qui enfanta la terre et donna lieu à la naissance , ……………………..Ces traditions beaucoup plus sophistiquée que celle de notre culture judéo-chrétienne sont décrites dans le livre de Marcel Griaule: « Dieu d’eau », les écrits de Germaine Dieterlen : " ....." et les films de Jean Rouch « le peuple de la falaise».



Au retour nous traversons de gigantesques failles au fond desquelles des mares partiellement aménagées ou bien naturelles servent à retenir l’eau source d’approvisionnement plus pratique et surtout plus proches que les puits situés dans la plaine. Aux abords de ces failles sont construites les cases des prédécesseurs de Dogons, les Tellem, ce qui signifie: « ceux d’avant ». population qui vivait de cueillette et de chasse, ils s’apparentaient plutôt à des pygmées par la taille et logeaient dans des cases en forme de clocher perchés en hauteur probablement pour des raisons de sécurité.
La cases sont construites en banco, mélange de terre de paille malaxés, tellement intégrées dans la falaise qu’on ne les remarque pas sauf quand on a le nez dessus. Pour des leçons d’architecture intégrée ceux là avaient certainement des leçons à nous donner et bon nombre de nos « bâtisseurs architectes modernistes» devraient en prendre modèle.
Ils ont probablement migré à cause d’une sécheresse de plus en plus fréquente ayant pour conséquence la raréfaction des ressources naturelles qui leur permettaient de vivre. Le réchauffement de la terre était-il déjà une catastrophe annoncée ?

Les Dogons qui les ont remplacés se sont mieux adaptés aux conditions climatiques, ils sont essentiellement cultivateurs de mil et d’oignons (qu’ils vendent sur les marchés jusqu’à 25 km, frais ou séchés), ainsi que quelques agrumes aubergines, tomates et aussi du coton qui permet de tisser des vètements. L’élevage consiste en quelques moutons, chèvres et quelques poulets qui vivent sur les restes de la maisonnée. Une autre population que je n’ai pas évoquée vit aussi dans cette régions ce sont les Peuls, peuple d’éleveurs présent dans toute l’Afrique subsaharienne mais plus encore en Guinée et au Mali. Ils sont nomades et possèdent d’immenses troupeaux de bovins. On reconnait les femmes par une tenue vestimentaire très différente des Dogons, très colorée ainsi que de nombreux bijoux, ils vivent plutôt dans la plaine près des troupeaux de vaches et fournissent la viande sur les marchés et le lait dans les villages.
Aux abords du village 5 ou 6 femmes pilent le mil pour préparer le « tô », bouillie à base de farine de mil qui est présent dans tous les repas de l’année. La viande et le poisson sont rares et réservés aux fêtes et aux touristes. Durant mon séjour seul le repas du soir comportait de la viande, souvent du poulet. M’apprêtant à faire des photos, Tintin me dit : « attends approche sans ton appareil et c’est moi qui vais te prendre car sinon elles risquent ne pas être d’accord ». Et c’est là que j’ai fait connaissance d’Assatou, Patima et Awa. Ces deux dernières ont 14 ans et mariées au même homme, elles habitent deux villages distincts, l’une est de Youga Na l’autre de Youga Piri. Quand à Assatou (Assa) c’est un sourire ambulant, 30 ans deux enfants, des yeux ronds et malicieux elle rit de mes mimiques et mes efforts de conversation (pas facile quand on ne possède que 6 à 7 mots). Elles m’invitent à les aider à piler le mil, se tordent de rire devant ma maladresse, mais je relève le défi et après quelques ratés je prends le rythme, je promets de me marier ici la prochaine fois.
Elles m’ont beaucoup plu, nous avons noué une complicité et je les reverrai souvent dans le village où dans les fêtes pour danser. Les photos plaisent beaucoup et la commande est faite pour l’envoi après mon retour en France.

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